mardi 11 novembre 2008

Exposition de la série photographique "Intérieurs" à la Galerie ARTSTARTE.

Dès le XVII siècle, la peinture a traité la représentation des ruines. Peut-être pour nous rappeler la vacuité de toutes choses? De notre invention d’une nature maîtrisée et disponible pour nos ambitions à l’autre face d’une “nature qui reprendrait ses droits”. Ou bien, tenter de débarrasser l’architecture de son décorum, pour ne peindre que son squelette, sa structure? La photographie dès ses débuts a repris le sujet, dans ses collectes à prétexte documentaire. Peut-être se laissa-t-elle convaincre que si la main de l’artiste interprétait le réel, l’appareil photo, lui enregistrait les choses sans hiérarchie, ainsi son rôle naturel serait juste de “faire voir”. Vers les années 80, la photographie contemporaine s’est orientée vers les “non-lieux” zones urbaines délaissées, paysages détruits par la répétition et la médiocrité architecturales. Une certaine proximité avec la ruine. Nostalgie sous-entendue, qui trouve son expression plastique dans une platitude revendiquée, une esthétique du constat objectif et passif.
Marie va opérer un très léger “décadrage” qui a son importance, et proposer au milieu des vestiges une dynamique, une mise en ordre géométrique et ce dans un processus particulier. De son passage dans ces lieux désolés, elle va photographier, revenir sur ses pas, le même jour ou plus tard, puis chercher et sélectionner sur la planche contact deux images qui se suivent. Deux images possibles pour reconstituer un lieu improbable. Ce ne sera peut-être pas le même lieu ni le même jour, mais le petit espace, l’intervalle physique sur le film entre deux photographies va reconstruire, permettre de créer un autre paysage. Il ne divise pas l’image, il rassemble pour autre chose. Cette zone de non image, de vide, va devenir l’axe, l’articulation d’une reconstruction. Cet intervalle ne pouvait exister que dans le temps, temps écoulé entre deux prises de vues. Ainsi, Marie propose une liaison entre la dépouille d’un lieu et son devenir. La proposition est complexe, car l’image est sans artifice, sans désir de séduire, en noir et blanc, sombre. Elle ne se présente pas non plus dans un cadrage formel, une composition agréable à l’oeil, elle est linéaire, forçant notre regard à aller de l’une à l’autre essayant de recomposer une perspective qui défaille. Son regard devient le nôtre et insuffle un mouvement, une pulsation au coeur même du processus photographique.
Il y a dans les oeuvres présentées, le fragment précurseur des travaux vidéo de 2007-2008. Deux photographies c’est le début d’une séquence, une fraction de 24 images secondes, c’est aussi le désir de prendre appui, de renouer avec un travail réalisé afin de développer le suivant. Induire une action, comme dans ses photographies.
PR

Intérieurs 01 /format 141 x 47 cm/© MarieCombes
www.combesrenaud.com

Exposition du 4 au 7 décembre 2008
Ouverture le 4 décembre de 18h à 22h
ARTSTARTE
70, rue de Babylone
75007 Paris
Vendredi, Samedi, Dimanche, ouverture de 13h à 20h